Il n’y a pas véritablement de scénario, pas d’intrigue, pas de trame ; ou alors je ne vous le dirai pas ou serais incapable de vous le dire avec l’intelligence de l’esprit et du cœur.
Car ce magnifique film-documentaire d’Eric Caravaca tente simplement de partir à la recherche du temps perdu, de son temps perdu à lui car c’est sur sa propre famille et sur son propre passé qu’il enquête. Il interviewe son père et sa mère puis part à la recherche de ce temps-là au Maroc, à Casablanca.
Temps non seulement perdu mais en partie caché par ses parents puisque l’enfouissement concerne sa sœur aînée morte à trois ans dont ils ne lui ont quasiment rien dit, dont ils n’ont conservé aucune photographie. Temps non seulement perdu mais enseveli puisque Carré 35, c’est la dénomination administrative officielle du lieu, l’une des divisions du cimetière ou est enterrée sa sœur, un lieu qu’on ne nomma jamais devant lui.
Ne croyez cependant pas que le réalisateur va exhumer devant nous, à grands coups de pelle fouisseuse, un lourd et scabreux secret de famille ; non, son film est pudique et d’une grande délicatesse et je dirai seulement ici que voici un document infiniment bouleversant sur la douleur d’une mère, infiniment universelle depuis les temps antiques.
J’ajoute à cela que son image est d’une rare beauté illuminée et que le choix des images anciennes, photos de familles jaunies, vieux films 8 mm sautillants, actualités cinématographiques d’époque, est impressionnant de justesse.
Voilà, je ne sais quoi dire davantage pour vous inciter à aller voir ce film…
17 novembre 2017
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