Que j’ai raison d’être optimiste, malgré l’avalanche de mauvaises nouvelles réelles, surabondées par d’autres amplifiées, déformées, arrangées et mises en perspective par des medias dépressifs ou masochistes ! Car en cherchant un peu, chaque jour on en découvre de bonnes, d’heureuses nouvelles, ici même ou un peu plus loin dans ce village planétaire qui peine à s’organiser en communauté humaine.
Et même sans avoir besoin de chercher, d’excellentes nouvelles rayonnent jusqu’à nous à travers la grisaille.
Tenez : le Prix Goncourt. Je ne vais pas vous parler de Pierre Lemaitre (que je n’ai pas encore lu, pardon !) ni de Jérôme Ferrari (qui a chu dans mes oubliettes), encore moins de Michel Houellebecq (dont je n’ai aucune envie de parler), ni même de Marie Ndiaye (dont je reparlerai un jour) ni d’Alexis Jenni (dont j’ai déjà parlé deux fois). Ni des grands anciens. Mais de la dernière lauréate, évidemment : Lydie Salvayre, pour son roman Pas pleurer.
Oh non, je ne vais pas pleurer, puisque je suis content ! De Lydie Salvayre, vous savez donc depuis trois jours qu’elle est d’origine espagnole, fille de républicains ayant fui le franquisme ; que son enfance se déroula à Auterive, près de Toulouse ; que le français n’étant pas sa langue maternelle, son écriture est émaillée de nombreux hispanismes.
Mais vous ne savez peut-être pas qu’elle fut médecin psychiatre, d’abord à Marseille puis à Argenteuil où je la vis de loin dans quelques réunions professionnelles. Ayant retenu son nom, je la lis depuis que je trouvai en librairie en 1990 son premier livre publié : La Déclaration. Ce roman connut un succès d’estime, mais son audience s’établit vraiment avec La Compagnie des spectres qui lui valut le Prix Novembre et la distinction Meilleur livre de l’année par Lire en 1997. J’eus même le plaisir de converser avec elle un petit quart d’heure lors de la présentation de son ouvrage La Conférence de Cintegabelle dans une librairie de Besançon en 1999.
Ses vingt livres, je les ai donc tous lus et je vous encourage à le faire, même si la littérature n’est pas votre passion exclusive : son écriture est limpide, claire, soutenue, elle vous fait entrer directement dans le récit ou l’intrigue ; et vous ne refermez le bouquin qu’après l’avoir lu d’une traite. Son style est à la fois subtil et vigoureux. Elle y révèle une sensibilité paradoxalement aussi vive qu’élégante et un peu cruelle (je faillirais dire d’allure espagnole, mais ce serait tomber dans l’idée reçue !).
6 novembre 2014