2014 10 22 : Métropolitain : tout fout le camp !

La sociologie est une science humaine dont les règles de la méthode furent dès l’origine soigneusement cadrées et protocolisées par ses pères fondateurs, ce qui n’alla évidemment pas sans écoles concurrentes, controverses, polémiques et même guerre de tranchées entre le paradigme holistique d’Émile Durkheim et le paradigme atomistique de Max Weber… Mais par la suite Marcel Mauss, Pierre Bourdieu et Luc Boltanski recentreront la doctrine sur un point faisant au moins consensus : la nécessité d’observer et décrire complètement et dans leur totalité les formes et manifestations du phénomène social étudié.

metro-parisAinsi donc, l’observation in situ, sur le terrain, prime et alors là, moi, habitant du 9-3, je suis aux premières loges pour observer et mesurer les indices et facteurs significatifs de l’évolution des mœurs, habitus, comportements individuels et collectifs, des façons d’agir, voire des façons de penser de mes concitoyens.

métro 13Et plus particulièrement pour ce qui concerne le terrain, le souterrain plutôt, puisque c’est du focus group du métropolitain dont je veux vous parler, du métro ligne 13 pour être précis, eh bien malgré mon optimisme incorrigible, mon humanisme indécrottable, mon idéalisme irénique, eh bien je dois l’avouer : tout fout le camp !

metro-barre-fessesAh oui tout fout le camp, les jeunes de maintenant… Et j’en apporte la preuve : depuis la rentrée, conjuguant audacieusement méthode quantitative et méthode qualitative, j’observe. Et voilà-t-il pas que j’ai relevé huit fois en moins de deux mois, et la dernière pas plus tard qu’aujourd’hui, que huit jeunes, je dis bien huit, six garçons (dont deux encapuchonnés) et deux filles (mais aucune en burqa) ; et je précise (même si les statistiques ethniques ne sont pas autorisées en France, je prends le risque de donner l’information) que sur ces huit cinq d’entre eux n’étaient pas de parents de souche hexagonale…

métro2Huit jeunes, donc, se sont permis froidement, sans sourciller, sans même que je les y invite par la parole ou le geste… se sont crus autorisés à me proposer de me céder leur siège. A moi ! Comme si je présentais une apparence chenue, sénile ou décrépite, comme si j’avais l’air d’avoir besoin d’un siège ou même d’un strapontin. Honte à ces impertinents ! Vous devinez bien comment je les ai remis à leur place (assise) !

Donc tout fout le camp. Et c’est récent, je l’affirme, car il y a encore dix ans, et même cinq ans, cela ne me serait pas arrivé. Quel scandale !

22 octobre 2014