Deux guerriers ont couru l’un sur l’autre ; leurs armes
Ont éclaboussé l’air de lueurs et de sang.
Ces jeux, ces cliquetis du fer sont les vacarmes
D’une jeunesse en proie à l’amour vagissant [1].
Les glaives [2] sont brisés ! comme notre jeunesse,
Ma chère ! Mais les dents, les ongles acérés,
Vengent [3] bientôt l’épée et la dague [4] traîtresse.
— Ô fureur des cœurs mûrs par l’amour ulcérés [5] !
Dans le ravin hanté des chats-pards [6] et des onces [7]
Nos héros, s’étreignant méchamment, ont roulé,
Et leur peau fleurira l’aridité des ronces.
— Ce gouffre, c’est l’enfer, de nos amis peuplé !
Roulons-y sans remords, amazone [8] inhumaine,
Afin d’éterniser l’ardeur de notre haine !
Georges Chelon 1997
Lecteur audioTerragon 2022

Goya, Quien lo creyera ! Capricho nº 62 – Cette gravure aurait inspiré à Baudelaire le sonnet DUELLUM