Additions de la 3e édition (1868) : I – ÉPIGRAPHE POUR UN LIVRE CONDAMNÉ

Lecteur paisible et bucolique,
Sobre et naïf homme de bien,
Jette ce livre saturnien [1],
Orgiaque et mélancolique.

Si tu n’as fait ta rhétorique [2]
Chez Satan, le rusé doyen [3],
Jette ! tu n’y comprendrais rien,
Ou tu me croirais hystérique [4].

Mais si, sans se laisser charmer,
Ton œil sait plonger dans les gouffres,
Lis-moi, pour apprendre à m’aimer ;

Âme curieuse qui souffres
Et vas cherchant ton paradis,
Plains-moi !… Sinon, je te maudis !

Léo Ferré 2008

[1] Triste, mélancolique.
[2] Art du discours ; et à l’époque de Baudelaire, au lycée la classe de rhétorique correspondait à la classe de première actuelle.
[3] Titre de dignité ecclésiastique, donc employé ici par ironie.
[4] Atteint d’une maladie nerveuse, de folie.