Depuis longtemps j’aurais voulu écrire un article précis et objectif sur cette profession « vieille comme le monde » parait-il. Depuis hier, je ne sais si je le ferai, car après l’irritant article 16 de la proposition de loi de la néo bien-pensance (de gauche, cette fois ! Marx et Lafargue, réveillez-vous, ils sont devenus fous !), après la stupide et machiste pétition des 343 salauds, voici enfin un texte qui reprend l’essentiel de ce que je pense.
J’ai particulièrement aimé les propos respectueux et amicaux d’Antoine, qui vont à l’encontre d’idées préconçues et de la dernière mouture bobo du conformisme intégriste :
« se battre contre la prostitution non contrainte, c’est dissiper en vain de l’énergie qui devrait être consacrée à la lutte contre le véritable proxénétisme de contrainte et la traite des êtres humains, les vrais ennemis » (…)
« les clients ne sont pas des névrosés » (…)
« Sur les sites internet de prostitution, il y a un commentaire déplacé pour trente commentaires respectueux… les prostituées répondent à un besoin de gens qui cherchent un instant de bonheur et surtout de la considération » (…)
« J’ai de la sympathie pour celles et ceux qui exercent ce métier. J’aime les prostitué(e)s comme des frères ou des soeurs, j’ai de la compassion pour ces personnes comme pour tous ceux qui souffrent. »
Mais comment réagirait-il si un de ses enfants épousait la profession ? « Si c’était son choix, je lui conseillerais de choisir plutôt un autre métier, moins stigmatisé, mais je préférerais qu’il soit travailleur du sexe dans un univers légal et protégé comme en Suisse, en Australie ou en Nouvelle-Zélande plutôt que de travailler au fond d’une mine, par exemple. »
Voilà… tout n’est pas dit, beaucoup reste à dire sur cette question, comme sur tant d’autres qui interpellent aujourd’hui notre intelligence et bafouent notre sensibilité.
Mais d’abord, avant de s’exprimer, de proclamer et de polémiquer… il faut s’efforcer de comprendre, d’accepter ; et primum non nocere, ne pas juger, ne jamais juger : nous ne sommes pas la Justice, nous n’avons le droit de « juger » les autres que pour leurs actions publiques, pas pour leurs choix de vie privée.
Et en outre, qu’est-ce qui nous permet de juger une personne tant qu’elle ne fait de tort à aucune autre ? La liberté d’une adulte ne doit être entravée que là où commence la liberté des autres. Ne pas imposer ses conceptions aux autres, ne pas fabriquer des catégories ségrégatives, dans lesquelles un individu (horreur !) est irrémédiablement catalogué à vie… Ce sont direz-vous de banales évidences.
Mais pourquoi faut-il alors les rappeler ?
17 novembre 2013