Inquiétant.
La thèse des auteurs s’appuie sur une analyse des statistiques de mortalité et de morbidité par cancer à l’échelle internationale. L’incidence de cette maladie ne cesse de croître et les « explications » par l’augmentation absolue et proportionnelle du nombre de personnes âgées, davantage sujettes au cancer, sont très insuffisantes. Et même la « cause principale » désignée par certains experts, le comportement individuel (tabac, mauvaise hygiène alimen-taire, alcool), ne serait qu’une explication très partielle.

Les causes majeures de l’extension du fléau seraient à rechercher dans les risques collectifs générés par les sociétés industrielles : pollution, agriculture intensive fondée sur les pesticides, produits chimiques omniprésents dans la vie quotidienne, additifs alimentaires, risques professionnels, rayonnements ionisants et champs électromagnétiques …

On notera peut être un certain parti pris de sévérité des auteurs, quant à l’attitude de la communauté médicale et du monde de la santé face à ces réalités. S’ils distinguent les attitudes courageuses ou fermes de Claude Evin, Henri Pézerat, André Aschieri, Jean-François Viel, André Cicolella ou Ellen Imbernon, c’est pour considérer que, dans son entité, la profession se complaît dans la minimisation ou le déni. Inutile de préciser que le Plan Cancer de 2003 leur paraît singulièrement indigent.

Mais alors, quelles réactions préconisent-ils ? Instaurer un débat public pour qu’il ne soit plus confisqué par les experts ; repenser l’utilisation du sol et des jardins, comme à Rennes ; organiser enfin un véritable registre des cancers ; réduire drastiquement l’emploi des substances cancérigènes ; déclarer un moratoire de la toxicité. Bref, la lutte contre le cancer, à mesure qu’elle se voudra efficace, s’éloignera de plus en plus de la seule médecine pour investir le champ du politique.

G. Barbier & A. Farrachi
mars 2004 – 188 pages – 15 €
Editions de La Martinière
www.lamartiniere.fr