Ce film de Sergei Loznitsa, par son style cinématographique, pourrait sembler un documentaire alors qu’il s’agit d’une œuvre de fiction. Ainsi les personnages n’ont ni nom ni prénom, personnages anonymes d’autant plus « réels ».
C’est donc un film politique qui nous fait suivre le parcours interminable d’une femme douce (Vasilina Makovtseva) pour surmonter l’angoisse qu’elle ressent depuis qu’un colis, envoyé à son mari emprisonné pour un crime qu’il n’a pas commis, lui est revenu sans motif plausible.
Nous voici plongés dans la noirceur de l’univers bureaucratique infect d’une Russie étouffante.
Vous serez donc assailli d’inévitables réminiscences littéraires : Kafka, Gogol, Dostoïevski, Alexievitch bien sûr, même si le film ne peut prétendre à ces niveaux d’universelle réflexion sur l’absurde, le mal, la souffrance, la malédiction qui pèsent depuis si longtemps sur les Russes, Ukrainiens, Baltes de l’ancien empire décomposé.
L’image est fascinante, les acteurs extraordinaires de vérité, l’ambiance éprouvante ; le tout, sans doute un peu longuet, donne à penser que des peuples qui ont connu de telles épreuves sont armés pour engager leur renaissance.
Espoir subjectif et fugitif, vœux pieux, optimisme niais ? Je suis persuadé du contraire.
Une chose est sûre : n’allez pas voir Une femme douce si vous voulez passer une agréable soirée de divertissement.
8 septembre 2017