Les amoureux fervents [1] et les savants austères
Aiment également, dans leur mûre saison [2],
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
Amis de la science et de la volupté [3],
Ils cherchent le silence et l’horreur des ténèbres ;
L’Érèbe [4] les eût pris [5] pour ses coursiers [6] funèbres,
S’ils pouvaient au servage [7] incliner leur fierté.
Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx [8] allongés au fond des solitudes [9],
Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin ;
Leurs reins féconds sont pleins d’étincelles magiques,
Et des parcelles d’or, ainsi qu’un sable fin,
Étoilent vaguement leurs prunelles mystiques [10].
Georges Chelon 1997