Après la Deuxième Guerre mondiale, le prestige de l’URSS était considérable dans notre pays, pour d’évidentes raisons : elle avait été le principal artisan de la défaite du nazisme et en avait payé le sacrifice de loin le plus lourd (21 millions de morts). La ligne patriotique de Staline puis les accords de Yalta avaient relégué au second plan son dessein politique de favoriser les révolutions communistes en Europe.
Toutefois très rapidement s’instaura la Guerre froide, l’éviction des ministres communistes du gouvernement français, le réveil des luttes syndicales animées par la CGT communiste, les guerres de Corée et d’Indochine, la mise au pas de la Hongrie, la crise du canal de Suez, le soutien de l’URSS au FLN algérien contre le colonialisme français.
Vint alors le temps du retour de De Gaulle au pouvoir, coïncidant avec mon premier éveil aux questions politiques. Et je peux témoigner, pour l’avoir vécue, de l’incidence que peuvent revêtir la culture, la science, l’art dans le rapprochement politique des peuples.
Car un soir de 1960 ‑ j’étais donc gamin ‑ mon parrain (qui avait déjà fait un voyage professionnel en URSS) m’emmena au concert des Chœurs de l’Armée Rouge au Palais des sports de Paris. Un émerveillement, partagé avec enthousiasme par toute la salle ; la formation, en hommage au peuple de France, interpréta deux glorieux chants français : le Chant du départ de 1794 par Marie-Joseph Chénier et Étienne Nicolas Méhul ; le Chant des Partisans / Chant de la Libération avec les paroles françaises de Joseph Kessel et Maurice Druon alors qu’initialement c’était un chant russe.
Le vinyle 33 tours 30 cm de ce récital se vendit par dizaines de milliers et cet ensemble musical fit peut-être plus pour relancer l’amitié populaire franco-soviétique que les satellites Spoutnik…
Ensuite, ensuite, Brejnev succéda à Khrouchtchev et corrélativement les Chœurs de l’Armée Rouge s’enfermèrent dans un style officiel pompeux, protocolaire, déclamatoire, un élargissement de leur répertoire pas toujours accordé à leurs tessitures et à leur style.
C’est du moins mon avis : je n’écoute plus que leurs enregistrements des années 1960-1965 : mais je les écoute souvent.
9 mai 2025
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