Fin décembre 1989, Roumanie : les deux derniers jours de Ceaușescu et de son régime totalitaire. On ressent à ce propos la considérable relativité du temps, de sa perception en tout cas, puisque cet épisode historique nous paraît loin, bien loin, alors que la chute du mur de Berlin pourtant survenue un mois auparavant demeure si proche en nos mémoires…
Cette impression provient certainement du fait que les évènements de Berlin furent clairs, limpides à décrypter par les journalistes et les observateurs que nous fûmes, tandis que ceux de Bucarest furent sombres, tourmentés, enlisés dans des mensonges, rumeurs et mystifications reprises et commentées sans réserve par les journalistes qui n’avaient aucun accès à la réalité de terrain.
C’est l’un des mérites de ce premier film de Bogdan Mureşanu que de nous aider à y voir plus clair sur ces jours crépusculaires en nous livrant une comédie grinçante et corrosive, pas si légère que ça, souvent ironique, parfois tragique et macabre, à travers sept personnages qui vont les vivre à leur manière semble-t-il anecdotique.
Mais cette totale fiction nous fait comprendre, mieux que les reportages qui n’eurent jamais lieu, les prémices de l’évènement historique. Donc un film d’histoire, en quelque sorte.
Les acteurs sont époustouflants : un déménageur, Gelu (Adrian Văncică), une actrice Florina (Nicoleta Hâncu), un réalisateur Stefan Silvestru (Mihai Calin), son épouse Alina (Manuela Harabor), leur fils étudiant Laurentiu (Andrei Miercure), une femme âgée Margareta Dinca (Emilia Dobrin), son fils policier Iulian (Iulian Postelnicu).
Et désormais que le Boléro de Ravel est tombé dans le domaine public, s’il est utilisé sans vergogne par des publicitaires avides de son adulation publique, il offre ici une magnifique bande sonore aux 30 dernières minutes du film : qui s’en plaindra ?
2 mai 2025