Ce film de Hu Guan se déroule dans les riantes étendues du désert de Gobi, donc aux confins de la Mongolie et de la Chine. Riantes n’est peut-être pas le qualificatif pertinent, pas plus que luxuriant ; mais en tout cas ces paysages sont splendides et restitués avec la puissance plastique d’une image exceptionnelle.
Dans ce cadre, l’intrigue se déroule autour de deux personnages principaux, pas un de plus, deux âmes errantes, ratées, sans avenir, solitaires : Lang (Eddie Peng) sortant de prison et revenu dans son pays natal s’engager dans une patrouille chargée de le débarrasser des chiens errants ; et Black Dog un chien (sans collier, qui ne daignera donc pas nous livrer son exacte identité) accusé d’avoir la rage.
Administrativement parlant, Lang devrait donc capturer Black Dog et le livrer aux services compétents pour l’éliminer.
Mais Lang n’est pas un bon citoyen, en tout cas pas un fonctionnaire impeccable, ni zélé, ni impassible malgré qu’il soit mutique : voilà donc qu’il tisse avec le chien une relation qui va sans doute au-delà des affinités électives.
Une amitié pour cet être qui n’a pas d’âme selon les émules Hans et Mongols de Descartes (et ils sont nombreux).
Ne croyez pas que ce soit une fable ; plutôt un conte philosophique, prémonitoire… et moral : quand les hominidés auront disparu, les canidés et d’autres belles espèces leur survivront.
Nous voilà bien loin des calomnies de « ces gens-là » qui accusent les Chinois de manger du chien ! Paraphrasons Jacques Brel : « Les autres ils disent comme ça / Que je suis tout juste bon / À égorger les chiens / J’ai jamais tué d’chiens / Ou alors y’a longtemps / Ou bien j’ai oublié / Ou ils sentaient pas bon »
11 mars 2025