Il m’arrive de plus en plus souvent d’éprouver des moments de bonheur rare : lorsque je pense à quelqu’un que j’aime, que j’admire, que j’estime, quelqu’un d’assez vieux (disons plus vieux que moi)… et qui est toujours vivant, alors que le nombre des défunts de ma génération commence à grandir et que ceux de la génération précédente, je préfère ne pas les dénombrer.
Ainsi en est-il de l’Autrichien Alfred Brendel, puisque né en 1931 il va vers ses 94 ans.
Alfred Brendel fut depuis toujours pour moi l’un des pianistes que je sélectionnais sur les dix doigts des mains, et pourtant des pianistes j’en estimais beaucoup.
Brendel me semblait différent d’autres grands noms du piano, virtuoses de haut vol personnalisant avec éclat et sans trop de réserve leurs interprétations. Brendel formulait clairement, lui, sa constante volonté de ne servir que l’intention du compositeur, telle qu’exprimée dans la partition et la structure de l’œuvre, et parfois même avec une retenue presque excessive.
Il conquit la notoriété au début des années 1960 en livrant au concert et au disque la quasi-intégrale de l’œuvre pour piano de Beethoven. Je garde quant à moi le vif souvenir non pas des sonates, pour lesquelles je révérais Yves Nat, mais de son enregistrement des Variations Diabelli que j’entendis pour la première fois : quelle interprétation !
Par la suite, je m’efforçais de collectionner chacun de ses vinyles de soliste ou de concertiste ; car il joua avec les plus grands : Bernard Haitink, Neville Marriner, Charles Mackerras, James Levine et Claudio Abbado. Quel plaisir aussi de l’entendre dans les lieds de Schubert et Schumann avec de grandes voix comme Hermann Prey, Dietrich Fischer-Dieskau, Matthias Goerne.
Ses interprétations de Bach, Mozart, Haydn, Schubert, Liszt, Moussorgski, Prokofiev, sont des modèles d’expressivité mélodique rigoureuse. J’ai du écouter 500 fois ses enregistrements des concertos n° 1 et 2 de Brahms.
Il prit sa retraite de pianiste en 2010 et se consacre désormais à l’enseignement, à l’écriture d’essais musicologiques et de poésie : à ma grande honte j’avoue n’avoir rien lu de lui !
11 octobre 2024
Lecteur audioBeethoven – variation op120-01 Diabelli – Brendel
Lecteur audioBeethoven – variation op120-02 Diabelli – Brendel
Lecteur audioBeethoven – variation op120-09 Diabelli – Brendel
Lecteur audioBeethoven – variation op120-15 Diabelli – Brendel
Lecteur audioBeethoven – variation op120-22 Diabelli – Brendel
Lecteur audioBeethoven – variation op120-30 Diabelli – Brendel
Lecteur audioMozart – concerto piano n° 21 do K467 Elvira Madigan Andante – Brendel & Marriner
Lecteur audioMozart – concerto piano n° 27 si K595 Larghetto – Brendel & Marriner
Lecteur audioSchubert – Impromptu D899 Op 90 n°1 do mineur – Brendel
Lecteur audioSchubert – Impromptu D899 Op 90 n°3 sol bémol – Brendel