Je suis retourné aux Invalides voir les tombes que je n’avais pas visitées depuis que j’y avais amené mes filles… il y a 35 ans ! C’est peu dire que je fus plus que déçu : consterné.
Le Musée de l’Armée, lui, est remarquable car il expose l’évolution des armes, armées, équipements, uniformes, stratégies, sans trop insister sur le côté belliqueux mais pour aider à connaître notre Histoire.
Ainsi la partie dédiée au Musée de l’Ordre de la Libération retrace superbement l’histoire de la France Libre de 1940 à 1945, à travers les portraits de Compagnons de la Libération, qui furent et restent des modèles de Résistance à la barbarie totalitaire.
Mais le Dôme !
Sous la Révolution il devient le temple du dieu Mars, donc déjà guerrier mais encore mythologiquement vivant.
C’est sous Napoléon Ier que les choses commencent à se gâter puisqu’il y fait installer le tombeau de Turenne et décide d’y loger le mausolée des grandes gloires militaires. Il fut l’un des premiers servis, puisqu’en 1861 Napoléon III y fait solennellement déposer le cercueil de son ascendant Napoléon Ier avec force symboles dans la dimension du grandiose et surtout du grandiloquent.
Les choses lugubrement funèbres vont suivre leur cours, puisque viennent le rejoindre Vauban, son fils Napoléon II l’Aiglon, ses frères Joseph et Jérôme Bonaparte, ses généraux Bertrand et Duroc ; puis au XXe siècle, qui ne fut pas en reste de mémorables tueries, les dépouilles des maréchaux Foch et Lyautey.
Cette vocation panthéonesque aurait pu s’accomplir de manière historiquement neutre ; sauf que là on est plombé dans une ambiance funéraire, sinistre et mortifère efficacement dépressive… qui nous donne envie (enfin ce fut mon cas) de détester ces guerres et celles qui s’ensuivront, leurs commanditaires et leurs généraux.
En sortant et retrouvant l’air pur et le ciel clair parisiens, je songeais : peut-être ce dessein était-il prémédité par les grands militaires qui ont présidé à cet aménagement du Dôme ?
Alors là bravo ! Ce furent de grands enrégimenteurs de pacifistes et d’objecteurs de conscience, il faut les en féliciter.
6 avril 2023
Georges Brassens – La guerre de 14-18 – 1961