Le regard singulier d’une femme galante
Qui se glisse vers nous comme le rayon blanc
Que la lune onduleuse envoie au lac tremblant,
Quand elle y veut baigner sa beauté nonchalante ;
Le dernier sac d’écus dans les doigts d’un joueur ;
Un baiser libertin [1] de la maigre Adeline [2] ;
Les sons d’une musique énervante [3] et câline,
Semblable au cri lointain de l’humaine douleur,
Tout cela ne vaut pas, ô bouteille profonde,
Les baumes [4] pénétrants que ta panse [5] féconde
Garde au cœur altéré du poëte pieux [6] ;
Tu lui verses l’espoir, la jeunesse et la vie,
— Et l’orgueil, ce trésor de toute gueuserie [7],
Qui nous rend triomphants et semblables aux Dieux !
Georges Chelon 1997