Anaïs Nin ? Elle ne fut vraiment reconnue qu’au début des années 2000, alors que ses journaux, récits et nouvelles sur l’amour sexuel écrits dès les années 1920 sont des merveilles de finesse, de liberté et de grâce (tandis que je ne supporte pas trois pages des descriptions de gymnastique copulatoire d’un de ses compagnons, Henry Miller).
Elle a beaucoup écrit, puisqu’elle était payée à la pige par un amateur pervers qui voulait « du sexe, du sexe, du sexe, et le moins possible de poésie et de romantisme ». Heureusement, sur ce point, elle n’a pas obtempéré !
Anaïs Nin ? C’est la preuve flagrante, évidente, superbe, que sur les jeux de l’amour physique, les malices de l’érotisme, la poésie des corps adonnés au plaisir, les femmes, décidément, lorsqu’elles ont du talent, savent écrire des pages éblouissantes.
Et, accessoirement, essayent de nous faire découvrir à nous, les hommes étalons-fanfarons, leurs émotions et sensations… que nous ne devinons même pas, tout occupés que nous sommes à réaliser une « performance » homologuée, parcourir les randonnées amoureuses selon les sentiers balisés et le GPS approximatif de notre libido fragmentaire : nous ne voyons qu’une moitié du ciel et n’imaginons pas même les somptueuses constellations et fulgurantes étoiles filantes qui illuminent l’autre moitié, la leur.
Il me semble que le livre à découvrir en premier d’Anaïs Nin est son Vénus erotica, une série de nouvelles captivantes.
Sa préface (pages 7 à 17 de l’édition Livre de poche) est un superbe Manifeste de l’érotisme féminin et de son expression littéraire, que chaque femme pourrait afficher dans son espace intime de rêves et de projets.
Ensuite, si ce petit livre vous a plu (ce dont je ne doute pas), alors il faut vous plonger dans son Journal, qu’elle a tenu sans discontinuer depuis l’âge de… onze ans jusqu’à sa mort 63 années plus tard !
18 novembre 2020