C’est par hasard que je lus René Guy Cadou : habitant alors à Saint-Brévin-les-Pins en Loire-Atlantique, j’avais appris par un entrefilet de Ouest-France qu’il avait vécu à quelques kilomètres de là.
Depuis, il ne s’est pas passé une année sans que je ne relise des pages de Cadou. Depuis quarante-cinq ans donc… et sa poésie m’est toujours aussi précieuse.
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Quarante-cinq ans, lui ne les atteignit pas : il mourut à trente-et-un ans, une année seulement après que je sois né. Avait-il la prescience, ou le pressentiment, ou perçu des signes avant-coureurs de la brièveté de sa vie ?
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Peut-être, sans doute même ; à preuve certains de ses vers, comme ceux-ci, en 1943 à vingt-trois ans :
Je ne ferai jamais que quelques pas sur cette terre
Et dans cette grande journée
Je ne passerai pas pour un vieil abonné
Si les miracles font qu’une image demeure
La mienne tremblera dans les vitres gelées
Comme le chant lointain d’un enfant colporteur
Le temps qui m’est donné que l’amour le prolonge
Et dans ma solitude un instant habitée
J’accrocherai des panoplies de bout du monde
De grands pays couverts d’oiseaux effarouchés.
6 janvier 2020