Nous voici dans une pure tragédie grecque, de Sophocle ou Euripide, puisque nous sommes invités à suivre le désir de vengeance de Paula.
Paula, dont le père a été assassiné sous ses yeux, se met sur la piste du meurtrier puisque ni la Justice des hommes ni la Justice divine n’interviennent.
Paula parvient à retrouver et rencontrer le coupable, mais ne lui révèle pas qui elle est et noue une relation avec lui qui la plonge dans les affres de l’indécision, tiraillée entre la vengeance et le pardon.
Mais Paula (Natasha Jaramillo) est une jeune étudiante colombienne, son père était professeur à l’université de Medellín, et Jesús le sicaire (Giovanny Rodríguez) est un marginal des quartiers pauvres de la ville.
D’où le titre du film Matar a Jesùs (Tuer Jésus).
Et l’intrigue n’est pas inspirée par la mythologie religieuse des dieux et des héros, mais transcrit un drame personnel vécu par la réalisatrice Laura Mora.
Dans ce qui est son deuxième film, Laura Mora opère donc une double catharsis, comme cinéaste en peignant avec force et nuance la relation entre victime et bourreau, comme personne meurtrie en racontant pour le dépasser son drame autobiographique.
Et en tente aussi une troisième : contribuer à exorciser la violence dans l’un des pays les plus homicides du monde.
11 mai 2019
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