Je craignais un peu que François Ozon n’en fasse trop sur ce sujet consternant de la pédophilie dans l’Eglise. J’ai apprécié ses précédents films, en tout cas ceux que j’ai vu, mais la question est tellement sensible et puis l’affaire évoquée est encore en cours de procédure judiciaire.
Mais par ailleurs chaque mois qui passe nous apporte de nouvelles informations sur la dimension massive et sidérante de la pédophilie dans le clergé et, question distincte mais qui relève de la même dissimulation hypocrite, sur l’homosexualité qui prévaut dans nombre de cercles ecclésiastiques ; et sur toutes ces nonnes violentées.
Bref, je pensais avant de voir le film que, bon ou médiocre, au moins il participerait utilement au mouvement de l’opinion pour obliger l’Eglise et tous les cultes à adopter une conception saine de la sexualité, celle de leur fidèles comme celle de leurs servants.
Mes réserves sont tombées après avoir vu le film car il me semble réussi.
Il s’inspire, on le sait, d’une affaire réelle : Alexandre (Melvil Poupaud) vit paisiblement à Lyon avec sa femme et ses enfants. Mais voici que fortuitement il découvre que le prêtre qui l’a abusé lorsqu’il était scout exerce toujours auprès d’enfants !
Il est révulsé et engage alors le combat de sa vie, de sa renaissance, en créant l’association lyonnaise La Parole libérée avec d’autres victimes du pédophile, François (Denis Ménochet) et Emmanuel (Swann Arlaud).
François Ozon ne tombe jamais dans le sensationnel, l’indignation bien-pensante, l’imprécation, le me too galvaudé. Il ne se livre pas à une charge anticléricale.
Il est mesuré, juste, respectueux des victimes, il met en perspective les causes et les implications politiques de tous les responsables qui préféraient regarder ailleurs. Il brosse une description saisissante et effrayante de la perversion sexuelle.
Les trois acteurs incarnent avec un grand talent les victimes.
Josiane Balasko dans le rôle d’Irène, la mère d’Emmanuel, est toujours semblable à elle-même, superbe.
Bernard Verley dans le rôle du prêtre pédophile évite avec tact la caricature inconvenante.
22 février 2019
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