Avertissement sans frais : si vous voulez passer une soirée de détente avec amis, amies ou enfants, n’allez pas voir ce documentaire.
Car il nous montre, filmé en un seul lieu : une cuisine, un seul personnage : le Dr Georges Federmann, qui nous expose ses idées sur un seul sujet : sa vie de psychiatre.
Ainsi, dans une santé privée et même publique de plus en plus livrée à la marchandisation, à la précarisation et aux « impératifs » économiques (à très courte vue, évidemment), voici un homme qui a exercé la médecine comme une passion, une mission, des combats gagnés ou perdus, des souvenirs heureux et des déceptions, et même un drame personnel.
Un humaniste, si ce mot éculé d’avoir tant servi et pour n’importe quoi pour habiller n’importe qui, a encore un sens. Mais oui, il en garde un : le Dr Georges Federmann qui part en retraite nous le montre, et le temps consacré à l’écouter vaut bien des films divertissants oubliés sitôt le dernier verre pris après la séance…
Car Georges Federmann a soigné au sens le plus élevé du terme et quand, souvent hélas, il ne pouvait guérir (la psychiatrie est encore imparfaite et notre monde est encore dur aux malades mentaux) il soutenait, il accompagnait les esquintés de la vie et victimes de toutes les exclusions.
Georges Federmann ne manque pas de poser la question que généralement on élude : la médecine idéalisée, sacerdoce exercé par des saints et des purs, n’a-t-elle pas aussi sa part de responsabilité dans le monde qu’elle transmet, que je transmets, que notre génération transmet à la génération qui vient ?
Poser la question, c’est évidemment y répondre. Chacun de nous à sa manière, bien sûr, si l’opinion n’est pas librement formée elle n’est que pensée unique sonnant faux et creux sous la lime de l’intelligence.
Si le documentaire de Swen de Pauw n’est pas divertissant, il est captivant. Et c’est le moment de voir ce documentaire et de s’interroger en conscience, puisque nos gouvernants mitonnent un énième plan : Ma Santé 2022…
11 janvier 2019