Dans ce charmant petit musée du Luxembourg, en lisière du grand jardin qu’on ne se lasse pas de parcourir, même quand le temps est chagrin (il ne l’était pas aujourd’hui), se tient depuis trois mois une exposition dédiée aux œuvres de jeunesse du Tintoret (Tintoretto, petit teinturier en italien).
Il y a belle lurette que j’avais évidemment apprécié l’art tourmenté du Tintoret, cependant j’étais totalement passé à côté du personnage arriviste, bravache, provocateur mais de façon calculée, pour arriver précisément… et il y arriva. A quoi ? A la gloire, à la fortune, aux commandes de prestige.
Car à Venise hier, comme partout aujourd’hui, l’artiste dépendait presque entièrement du mécénat et de la commande officielle (qui à l’époque se confondaient).
Mais ce qui est extraordinaire et montre toute la différence entre la Renaissance italienne du XVIe siècle et notre époque picturalement décomposée, c’est que le petit ambitieux, le grand roué, le superbe ambitieux Tintoretto arriva… intact.
Sans aucunement affadir son talent, sans rien céder au conformisme de son temps.
Dans cette époque à nulle autre semblable, il ne fut pas le seul, mais à ce point je n’avais jamais remarqué. J’avais oublié les pages captivantes qu’Elie Faure lui consacre dans son Histoire de l’art.
Le Tintoret ? Un génie de l’esbrouffe !
1er juin 2018