Parfois on va voir un film, on achète un livre, pour un motif qui n’est pas a priori celui logique et évident qui devrait nous y inciter.
Ainsi de ce film, dont j’avais lu préalablement dans la presse qu’il raconte une histoire de sage-femme travaillant dans une maternité qui va fermer et qui déplore cette victoire de la rentabilité sur la relation humaine, la défaite de la petite structure sympathique et le résistible triomphe des usines à naissances.
Donc en relation étroite avec mon ancien métier : une péripétie que j’ai connue de près ou de loin dix ou vingt fois, la conjonction de l’impavide obéissance de l’administration sanitaire avec l’indécrottable ignorance des ministres en charge de la santé et l’inébranlable assurance des technocrates financiers et comptables.
Alors, justement, une telle situation consternante, on n’a pas envie de la retrouver en fiction quand on l’a vécue dans la vraie vie, qu’on l’a endurée professionnellement.
On redoute de surcroit qu’elle ne soit scénarisée par quelqu’un qui n’y connaît rien.
Mais j’allai voir ce film parce que de son réalisateur, Martin Provost, j’avais le vif souvenir de son beau Séraphine, il y a une dizaine d’année, avec la grande Yolande Moreau.
Eh bien il faut croire que ce réalisateur a le flair infaillible et le talent rare de parfaitement choisir ses actrices et d’admirablement les diriger.
Catherine Frot incarne Claire la sage-femme, et Catherine Deneuve tient le rôle de Béatrice, une ancienne maîtresse de son père décédé, femme imprévisible et foncièrement égoïste.
Et c’est le jeu exceptionnel des deux actrices, subtilement servi par la mise en scène, qui fait l’intérêt du film.
Car l’intrigue est un peu ténue, le scénario n’est pas inoubliable, il ne bouscule aucune convention, il ne dérangera personne.
Mais peu importe.
14 avril 2017
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