2016 09 08 : Divines – film

Houda Benyamina nous raconte une histoire de cité, une cité de Montreuil 9-3 ou coexistent trafics et religion.

Dounia (Oulaya Amamra) est prête à (presque) tout pour réussir. Avec sa meilleure amie Maimouna (Déborah Lukumuena) fille d’un imam, elles décident de faire comme Rebecca (Jisca Kalvanda), leur aînée : devenir dealeuses. Mais voilà, Cupidon (je ne sais quel est son équivalent dans la mythologie arabe) va lui faire rencontrer Djigui (Kevin Mischel) le super beau mec, tatoué à se pâmer, danseur à s’étoiler.

Alors je précise aussi que l’actrice principale Oulaya Amamra est la sœur de la réalisatrice Houda Benyamina ; ou encore que la bande-son mêle le rap de Demusmaker et la musique sacrée de Vivaldi, Mozart et Haendel. De quoi, déjà, faire ricaner les critiques « objectifs » et « puristes ». Qui ne s’en sont pas privés (je ne les citerai pas, Allah reconnaîtra les siens).

Mais je reviens à ce qui seul compte, le film. J’ai eu la forte impression qu’il ambitionnait d’être à la fois le récit d’un apprentissage dans un monde brutal, d’une éducation sentimentale, sociale et religieuse, une ode à la danse et au cinéma, un polar féminin haletant, une belle histoire d’amitié.

Ce pari ne pouvait évidemment être totalement gagné : cependant il l’approche superbement. Car il parvient à combiner sans tomber dans un bric-à-brac de lyrisme et poésie, réalisme et onirisme, religion et humour, comédie et tragédie, espérance et noirceur du destin, sentimentalisme un peu dérisoire et rage de vivre, féminité et phallocratie, grâce et violence.

Je ne connais les cités qu’à la marge, lorsque je vais voir des amis qui y habitent, lorsque je parle avec des « citadins » dans la rue, lorsque j’écoute les jeunes ou moins jeunes au marché, au bistrot. Mais du peu que j’en sais, je pense que le film donne une image fidèle.

L’esthétique est superbe, la caméra se déplace avec une agilité d’autant plus experte qu’elle n’est pas appuyée.

Un critique comme il faut écrivait, avec dédain : « Houda Benyamina n’est pas Kechiche ». Heureusement ! Pour la vitalité alliée à la légèreté ce film avait tout à y gagner.

Mais ce qui sans doute me restera le plus fortement en mémoire, c’est le jeu incroyable des deux actrices principales, Oulaya Amamra et Déborah Lukumuena… inconnues auparavant.

8 septembre 2016