Quand le superficiel le dispute aux clichés.

L’Expansion, qui eut son heure de gloire dans la presse managériale, fait sa une sur l’économie de la santé, traitée ou maltraitée dans un dossier de 18 pages. Pour complaire à un lectorat supposé être simultanément attaché aux credo en vogue de l’économie de marché mais aussi… à la préservation jalouse de ses garanties individuelles en matière de santé, les auteurs sont obligés d’accumuler poncifs ou constatations souvent contradictoires. Pointer la forte augmentation des dépenses de santé (9,7 % du PIB en 2001) mais constater qu’Etats-Unis, Suède et Allemagne font « pire ». Reprendre l’antienne sur les 30 000 lits excédentaires sans évidemment chiffrer le coût réel et compressible d’un lit inoccupé. Stigmatiser « l’incapacité à sortir la question de la santé du champ de l’aménagement du territoire » alors qu’il faudrait peut être bien l’y faire entrer !

Vous lirez avec délectation que « les coupes claires qui furent décidées à partir des années 1970 dans les dépenses de santé alors qu’avec le vieillissement et le progrès technique elles ne pouvaient que progresser ». Puis vous vous reporterez à la collection de l’Expansion de l’époque pour y lire évidemment… le contraire.

Et que d’erreurs ou approximations ! Vous apprendrez ainsi que « les chefs de service sont nommés en Conseil des ministres » ; que les « pauvres assureurs » sont piégés dans le domaine de la santé parce que l’Etat s’est défaussé… Les remèdes ? L’Expansion ne se hasarde pas trop à en proposer, ce en quoi on ne peut lui donner tort, à lire l’une des solutions, diablement novatrice voire hardie qu’elle nous sert : concentrer plus encore le tissu hospitalier et « transformer les hôpitaux généraux en centres d’accueil pour personnes âgées dépendantes ou pour adultes handicapés » ! Affligeant !

L’Expansion
octobre 2002, n° 668, 3 €