2025 02 01 : April – film

Vous n’irez sans doute pas voir ce film. Je le subodore car je sais que vous lisez Le Nouvel ObsLe Nouvel Obs dans un très lointain passé quand il s’appelait le Nouvel Observateur était un hebdomadaire de gauche, qui a accompli sa dégénérescence, désormais parachevée, en feuille bien à droite que camoufle à peine une apparence rédactionnelle se prétendant « progressiste ».

Le Nouvel Obs dans sa dernière livraison descend ce film ; et c’est un peu pour ça que je suis allé le voir.

La réalisatrice géorgienne Dea Kulumbegashvili nous y raconte le pénible parcours de Nina (Ia Sukhitashvili) gynécologue-obstétricienne dans un hôpital, qui ne peut éviter le décès d’un nouveau-né durant un accouchement et qui en subit les conséquences car certains l’accusent de pratiquer des avortements, qui là-bas sont quasiment illégaux.

En France, la tendance aurait sans doute été de nous relater cette histoire avec beaucoup de sensibilité, de dilemmes humains, de problèmes de conscience, de compréhension psychologique pour les antagonistes pro et anti-avortement, de belles images émouvantes, pour conclure que le progrès s’impose un jour et que la Femme finit par conquérir la maîtrise de son corps.

Mais là-bas, la réalisatrice, qui sait ce dont elle parle, utilise un langage cinématographique en correspondance avec la réalité brutale et sordide qu’elle dépeint, montrant sans équivoque la rudesse bornée des dominants dont la sombre arriération ne nous est pas épargnée, l’âpreté écrasante de ce qui n’est pas un différend d’idées.

A aucun moment Dea Kulumbegashvili ne nous accable d’un discours moralisateur ou pamphlétaire : rien d’autre que le choc des images et la noirceur des situations.

Ce qui fait écrire au critique du Nouvel Obs (que je ne nommerai pas) :

« Héroïne dépressive et maso, mise en scène se gargarisant d’effets concentrationnaires et de postures humiliantes, métaphores douteuses, rien n’est à sauver là-dedans, surtout pas la complaisance avec laquelle la cinéaste prend en otage ses personnages et ses spectateurs ni son incapacité à articuler une once de pensée profonde ».

Il y a des jours ainsi où je suis bien content d’avoir résilié mon abonnement au Nouvel Obs il y a vingt ans.

1er février 2025