Il a coulé beaucoup d’eau claire sous les ponts de son talent depuis le premier livre que j’ai lu d’elle en 2017, L’Art de perdre. Car son talent est considérable ; et donc j’ai rattrapé le temps que j’avais perdu par ignorance, si bien que je crois avoir aujourd’hui lu tous ses livres, plus d’une dizaine.
Si son roman que je persiste à préférer reste celui que j’ai lu en premier et que je viens de nommer, son essai Toute une moitié du monde m’a captivé à tel titre que je l’ai lu trois fois. C’est qu’Alice Zeniter s’interroge ‑ et nous embarque dans son interrogation ‑ sur la relation entre la lecture et la vraie vie, sa manière à elle de poser et nuancer que « La vraie vie… c’est la littérature » comme l’écrit Marcel Proust dans Le Temps Retrouvé. Alice Zeniter approfondit ce rapport indissociable entre réalité et fictions, entre nos vies triviales et le roman.
Un livre passionnant, d’autant qu’il décortique (je n’ose le vilain mot de « déconstruit ») les subtiles mais implacables manières de la domination masculine en littérature comme partout ailleurs, et il participe à ce que cette misère aille finir aux déchèteries du passé.
Oui vraiment il faut tout lire d’Alice Zeniter, de A à Z évidemment.
23 décembre 2023