Quand sort un nouveau film de Pedro Almodóvar, je vais au cinéma les yeux fermés. Mais une fois arrivé en salle, je les rouvre, c’est évidemment préférable.
Alors vraiment ce Pedro, à 75 ans, ce vieillard ne vieillit pas ! Il est incroyablement increvable, même lorsqu’il réalise un film sur la fin de vie et le suicide assisté, puisque tel est le sujet de cet opus.
Drame ou comédie ? Drame selon la définition puisque le thème est grave ; tragédie pourrait-on même le qualifier puisque la mort est au bout pour l’une des protagonistes. Mais chez Almodóvar, chassez la comédie par la porte de l’intrigue elle revient par la fenêtre des dialogues. Cet homme est un sorcier de délicatesse pour peindre la puissance apaisante de la résilience contre la peur.
Mais Pedro Almodóvar n’a pas l’exclusif mérite : les deux femmes qui sont les personnages centraux du film sont pudiquement, simplement et immensément bouleversantes. Leur histoire est comme tant et plus d’autres réellement survenues : celle de l’amitié entre Martha qui va mourir d’un cancer incurable (Tilda Swinton) et Ingrid (Julianne Moore).
Martha s’est procuré le produit qu’elle absorbera pour partir ; elle demande juste à Ingrid, qui accepte malgré sa peur irrépressible de la mort, de se tenir dans la chambre d’à côté, d’où le titre du film.
Et sortant de la salle, on sait qu’on méditera longtemps ce message d’amour de la vie. Almodóvar livre un plaidoyer indiscutable en faveur du droit de mourir dans la dignité que nos nains politiques ne cessent d’esquiver.
10 janvier 2025