2025 01 15 : Le Quatrième mur – film

Je suis allé voir ce film parce qu’il est l’adaptation d’un roman de même titre que j’ai lu il y a dix ans, de Sorj Chalandon, un auteur que j’apprécie ; et pour Laurent Lafitte, un acteur remarquable.

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Car le réalisateur, David Oelhoffen, je ne le connaissais pas, je n’ai vu aucun film de lui.

Le film a obtenu plusieurs prix cinématographiques, mais je craignais néanmoins, comme à chaque fois, qu’il ne soit pas au niveau du roman. Je n’ai pas été déçu.

D’abord il est fidèle à l’intrigue : elle se déroule au Liban en 1982. Georges (qui ressemble à Chalandon, qui fut reporter à Beyrouth à cette époque) est un auteur qui vient réaliser un projet fou : mettre en scène Antigone d’Anouilh afin de faire surgir un moment de paix dans ce contexte épouvantable (allaient venir les massacres des camps de Sabra et Chatila). Il veut que les acteurs viennent des différentes factions politiques et religieuses.

Le roman évoque ce contexte de guerre et ses répercussions inimaginables sur les hommes, les femmes, les combattants, les victimes, avec une puissance extraordinaire, qui pour moi est au niveau dramatique de la tétralogie Le Sang des promesses de Wajdi Mouawad parue dix ans auparavant. Là aussi, le film est de même force.

Le livre de Sorj Chalandon ne propose pas une analyse politique des tenants et aboutissants, responsables et coupables de cette affreuse et complexe guerre civile libanaise, mais une profonde réflexion sur les horreurs des conflits et le rôle infime mais essentiel que peut y jouer une activité artistique. Là aussi le film traduit fidèlement cette approche.

Quant aux acteurs : Georges (Laurent Lafitte), son chauffeur-guide Marwan (Simon Abkarian), la jeune femme dont il s’éprend Imane (Manal Issa), ils sont parfaits.

Pour quoi ce titre ? Le quatrième mur fut un terme théâtral inventé par Diderot symbolisant la séparation invisible entre la scène et le public, les acteurs et les spectateurs.

Tout au long de la projection, bien sûr, on ne peut qu’être hanté et indigné par le cycle historique qui se répète aujourd’hui, quarante ans plus tard.

15 janvier 2025