La lutte des femmes iraniennes nous est montrée à travers le huis-clos d’un microcosme familial.
Iman (Misagh Zare) est un magistrat honnête nouvellement promu et pas n’importe où : juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran. Il a donc certainement donné depuis vingt ans les gages de docilité au régime.
Mais quand surgit, en réaction à la mort de Jina Mahsa Amini battue à mort par la police, le mouvement Femme, Vie, Liberté, ses deux filles étudiantes, Rezvan (Mahsa Rostami) et Sana (Setareh Maleki) soutiennent la révolte.
Elles soignent Sadaf (Niousha Akhshi) une amie de Rezvan blessée dans une manifestation.
Iman ne le perçoit pas ou préfère regarder ailleurs, il est d’ailleurs largué par la nouveauté et l’ampleur du phénomène. S’il ressent l’absurdité du système et son injustice, il reste servile, déshumanisé depuis si longtemps…
Quant à sa femme Najmeh (Soheila Golestani) elle tente l’impossible : ménager l’un et les autres.
Mais voici que le pistolet de service d’Iman disparait mystérieusement, et le juge plonge dans une obsession complotiste dans laquelle il était déjà englué depuis longtemps…
Si le cinéma à dimension politique vous ennuie, si vous appréciez modérément les plaidoyers révolutionnaires, si vous ne devez voir un film de ce genre qu’une fois l’an, alors voyez cet extraordinaire film de Mohammad Rasoulof.
Il dure trois bonnes heures mais il est fascinant et on est captivé jusqu’au bout. Sa qualité narrative, cinématographique et picturale est virtuose et les mots, en tout cas les miens, ne sauraient en traduire l’intensité.
Le titre du film est une superbe métaphore : le figuier sauvage qui vient envelopper et étouffer un arbre imposant, c’est la liberté qui monte à l’assaut du totalitarisme.
La liberté du figuier sauvage triomphera. En Iran et ailleurs.
L’une des grandes forces de ce récit est de dénoncer, à travers le régime mortifère et fier de l’être des fanatiques iraniens, la nature perverse de tous les régimes oppresseurs et de livrer un vibrant éloge de la jeunesse, immortelle en dépit des intimidations et des exécutions, en Iran comme ailleurs. Vaste ambition mais pourtant efficacement atteinte.
La bande sonore est superbe.
Un chef-d’œuvre.
Serez-vous surpris de savoir que Mohammad Rasoulof, qui a réalisé son film clandestinement et fut d’ailleurs emprisonné, a dû s’enfuit à pied à travers les montagnes iraniennes pour échapper à la férocité du régime ?
21 septembre 2024
.
.