Au premier abord, on est saisi par la splendeur des images : la réalisatrice suisse, Carmen Jaquier, place l’intrigue dans les Alpes, qui confèrent au film une dimension esthétique majestueuse. On en viendrait presque à négliger l’intrigue et les personnages.
Au début je pensais que nous étions embarqués dans une contemplation à la Robert Bresson, celui du Journal d’un curé de campagne en 1951, du Procès de Jeanne d’Arc en 1962 ou encore Au hasard Balthazar en 1966 : intensément chargés de spiritualité et de méditation sur le mal et sur la grâce divine.
En effet, nous sommes transportés au début du XXe siècle et rencontrons Elisabeth (Lilith Grasmug), une novice de 17 ans qui va prononcer ses vœux au couvent. Mais sa sœur décède et Elisabeth doit donc retourner à la ferme familiale assumer son rôle et sa nouvelle responsabilité. Elle subit avec difficulté cette vie de labeurs fastidieux toujours recommencés.
Mais nous nous affranchissons bien vite de l’austérité bressonienne, car l’adolescente Elisabeth découvre, en tout bien tout honneur et en toute émotion, le plaisir, l’érotisme des corps, la beauté du monde, l’incandescence des sensations et in fine le plaisir. Le film est pudique mais il n’en est que d’une plus brûlante sensualité. Le désir féminin est magnifié dans toute sa pureté.
Un film superbe. Lilith Grasmug est inoubliable.
Les paysages participent à cette splendeur ; et je me pris à songer à cette phrase évoquée encore récemment de l’immense poète-résistant-combattant Missak Manouchian, dans sa lettre d’adieu à Mélinée son épouse : « Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses ».
28 mai 2024