Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir [1] ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux [2] vertige !
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige [3] ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir [4].
Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige…
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir [5] !
Léo Ferré 1957
Georges Chelon 1997
Debussy – Dawn Upshaw
Debussy – Florence Losseau
Debussy – Susan Graham
Apollonie Sabatier, par Thomas Couture
Poème dédié sans doute à Apollonie Sabatier.
[1] Objet liturgique dans lequel on brûle l’encens.
[2] Qui exprime l’abandon, la langueur d’une passion amoureuse (ici au sens figuré).