Vers composés pour une modiste [1] érudite et dévote [2]
Novis te cantabo chordis,
O novelletum quod ludis
In solitudine cordis.
Esto sertis implicata,
O femina delicata
Per quam solvuntur peccata !
Sicut beneficum Lethe,
Hauriam oscula de te,
Quæ imbuta es magnete.
Quum vitiorum tempestas
Turbabat omnes semitas,
Apparuisti, Deitas,
Velut stella salutaris
In naufragiis amaris…
Suspendam cor tuis aris !
Piscina plena virtutis,
Fons æternæ juventutis,
Labris vocem redde mutis !
Quod erat spurcum, cremasti ;
Quod rudius, exæquasti ;
Quod debile, confirmasti.
In fame mea taberna,
In nocte mea lucerna,
Recte me semper guberna.
Adde nunc vires viribus,
Dulce balneum suavibus
Unguentatum odoribus !
Meos circa lumbos mica,
O castitatis lorica,
Aqua tincta seraphica ;
Patera gemmis corusca,
Panis salsus, mollis esca,
Divinum vinum, Francisca !
Georges Chelon 1997
[1] Marchande de modes et de chapeaux.
[2] Très pratiquante des prières et rites religieux, ici ironie évidente.
Traduction :
Louanges à ma Françoise
Mes cordes nouvelles te loueront,
Ô ma biche qui te joues
De la solitude de mon cœur.
Sois parée de couronnes,
Ô femme délicieuse
Par qui les péchés sont pardonnés !
Comme d’un bienfaisant Léthé,
Je boirai des baisers de toi
Qui recèle un aimant.
Lorsque la tempête des vices
Tourmentait tous les sentiers,
Tu m’es apparue, Déité,
Telle une étoile salutaire
Dans l’amertume des naufrages…
– Mon cœur sera pour tes autels !
Piscine pleine de vertu,
Source de jouvence éternelle,
Rends la voix à mes lèvres muettes !
Ce qui était vil en moi, tu l’as brûlé ;
Ce qui était rude, tu l’as aplani ;
Ce qui était faible, tu l’as affermi.
Mon auberge quand j’ai faim,
Ma lampe dans la nuit,
Guide-moi toujours comme il faut.
Revigore à présent mes forces,
Doux bain parfumé
De fragrances suaves !
Ondule à l’entour de mes reins,
Ô ceinture de chasteté,
Trempée d’une eau séraphique ;
Coupe étincelante de pierreries,
Pain et sel, douce nourriture,
Vin divin, ma Françoise !