Imaginez Diane [1] en galant équipage,
Parcourant les forêts ou battant les halliers [2],
Cheveux et gorge [3] au vent, s’enivrant de tapage,
Superbe [4] et défiant les meilleurs cavaliers !
Avez-vous vu Théroigne [5], amante [6] du carnage,
Excitant à l’assaut un peuple sans souliers,
La joue et l’œil en feu, jouant son personnage,
Et montant, sabre au poing, les royaux escaliers ?
Telle la Sisina ! Mais la douce guerrière
A l’âme charitable autant que meurtrière ;
Son courage, affolé de poudre et de tambours,
Devant les suppliants sait mettre bas les armes,
Et son cœur, ravagé par la flamme, a toujours,
Pour qui s’en montre digne, un réservoir de larmes.
Georges Chelon 1997

Portrait présumé de Théroigne de Méricourt, par Antoine Vestier 1785