Si vous êtes en phase de déprime, ne lisez pas Bernard Dimey !
Bien que ses vers ne crient pas uniquement la misère et les paumés des bars et des rues : ils chantent aussi formidablement (car il chanta, en mode récitatif) Londres, Pékin, le Caire, Louxor, Paris…
Bernard Dimey (1931-1981) était un intarissable poète, intarissable est le mot car il fut aussi ivrogne et ne s’en remit pas. Il ne s’en cachait pas davantage :
Ivrogne et pourquoi pas
J’aurai du mal à tout quitter
Je ressemble aux poissons
40 ans
Je vais m’envoler
La peau des dents
La Tamise
Bernard Dimey était un énorme poète, énorme est le mot car il fut aussi obèse et ne s’en remit pas non plus.
Bernard Dimey était un Parisien, d’adoption mais Parisien, comme il n’y en a plus et comme on n’en fait plus dans cette ville simple décor amélipoulinée et gentrifiée irrémédiablement.
Au Lux Bar
Le chauffeur de taxi
Le quartier des Halles
Paris mon camarade
Il écrivit aussi des romans et nouvelles.
Avant que de disparaitre, donc prématurément à 49 ans au terme d’une vie fulgurante et chaotique, il nous a laissé quelques centaines de poèmes et plusieurs en prémonition de sa fin approchante.
Je ne dirai pas tout jamais
La nuit
L’âge n’est pas venu
Testament
Mais Bernard Dimey fut aussi parolier de chansons des plus grands de son époque : Jean Sablon, Henri Salvador, Yves Montand, François Deguelt, Patachou, Iggy Pop, Michel Simon, Jean-Claude Pascal, les Frères Jacques, Serge Reggiani, Mouloudji, Francesca Solleville, Charles Aznavour, Jean Ferrat, Zizi Jeanmaire, Juliette Gréco, entre autres…
Qui sait encore que Syracuse composée et chantée par Henri Salvador en 1963 fut écrite par Bernard Dimey ? Chanson inoubliable puisque fréquemment reprise, par exemple par Viktor Lazlo en 1985.
Syracuse – Henri Salvador
Syracuse – Viktor Lazlo
Mais ce que je retiens de plus fort de la poésie de Bernard Dimey et que je relis ou réécoute fréquemment, ce sont ses pièces sombrement visionnaires.
Les enfants d’Attila
Le zoo
L’enfance
Les enfants de Louxor
L’hippopotame
Monsieur le Duc
3 juillet 2019