2014 07 01 : Supplique à M. le maire de Nice

M. Christian Estrosi, en votre qualité de maire de Nice, vous avez pris, le 30 juin, un arrêté n° 2014‑02781 « interdisant l’utilisation ostentatoire et générant un trouble à l’ordre public des drapeaux de nationalité étrangère sur les rues, quais, places et voies publiques situés dans l’hyper-centre de la Ville de Nice de 18 heures à 4 heures du matin du 30 juin au 13 juillet prochain 2014. »

AVT_Christian-Estrosi_1035Il est vrai que dans la soirée du 27 juin, des supporters de l’équipe de football d’Algérie avaient, après sa victoire sur la Russie, manifesté une joie intempestive dans la rue, drapeaux brandis. Or certains de vos administrés, manifestent, eux, un œdème de Quincke à la moindre vision d’un croissant islamique dans l’espace public.
Mais je vous implore en référé de vérifier si, après les termes « nationalité étrangère » votre dactylographe (certainement membre occulte du Parti de Gauche) n’a pas volontairement omis le mot « maghrébine ».
Car en la rédaction actuelle de votre arrêté, devrais-je donc à mon grand dam m’abstenir de brandir avec ferveur :

Union Jack grande_bretagne

 

l’Union Jack sur la promenade des Anglais ?

drapeau russe

le drapeau russe boulevard Tzarévitch ?

Stars and Stripes

le Stars and Stripes quai des Etats-Unis ?

drapeau italien
le drapeau italien place Garibaldi ?

 

drapeau polonais
le drapeau polonais boulevard Lech-Walesa ?

 

drapeau belge

 

le drapeau belge jardin Albert Ier ?

Mais je risquerais alors, hélas, d’offenser cruellement les aristocraties de « nationalités étrangères » qui, à la fin du XIXe siècle, initièrent l’essor économique et le prestige mondial de notre belle ville, jusqu’alors bourgade dédaignée des puissants et des stratèges.

Et donc, hélas, hélas, de contrarier leurs descendants fortunés et les néo-nantis de ces « nationalités étrangères » qui aiment pourtant notre belle ville, et les inciter à la fréquenter moins assidûment.

Et donc, hélas, hélas, hélas, de réfréner leur enthousiasme naturel à venir dépenser ici leurs grosses coupures, qu’ils se résigneront, le portefeuille en berne autant que leur drapeau, à dilapider à Maurice, à Rihiveli, à Phuket, à Bridgetown, à Rio… ou (pire encore ! pire, bien pire !!) sur la rive droite, à Cannes, Antibes ou Saint-Tropez.

Et donc, hélas, hélas, hélas, hélas, d’inciter ces versatiles porteurs de devises de « nationalités étrangères » à y retourner, là-bas et non plus à revenir ici, s’ils constatent que dans ces villes d’outre-Var, l’odieuse xénophilie des autorités municipales tolère (voire encourage) « l’utilisation anormale des voies publiques par les piétons ».

Et d’aucuns même murmurent que certains pays peu démocratiques les y laisseront le cas échéant et sans vergogne, brandir impunément des drapeaux français le jour de la finale.

Estrosi_paniqueJe ne peux donc que suspecter un néfaste dessein de votre sténodactylographe (membre dissimulé de la Ligue des Droits de l’Homme, sans doute).

Car j’avais gardé un vieux mais beau souvenir : l’un de vos premiers discours de député, lorsque je vous avais invité en cette qualité, le 22 février 1989 à la dénomination du Centre Jean Chanton à Roquebillière dans le Haut-Pays, dénomination que j’avais voulue et fait accepter.

Face à la photographie et à la plaque commémoratives de cet éminent Résistant, gaulliste de la première heure (et qui le resta jusqu’à sa dernière), vous aviez prononcé l’éloge de cet homme d’honneur et vous, le fils d’émigré italien, aviez rappelé la contribution de tant et tant d’étrangers à la libération de notre pays…

denomination centre Jean Chanton LIGHTComme le temps passe !

1er juillet 2014