Ce n’est pas un pamphlet, c’est bien mieux !
Il n’est pas question de se priver ici de définir le mot lobbying, pour lever toutes sortes de confusions lourdes d’enjeux intellectuels, moraux et politiques. Mais laissons exister encore un instant, avec les lecteurs novices, ce petit miracle « typiquement français », cette innocence que des observateurs prétendument avertis jugent comique : nous sommes encore nombreux, dans l’Hexagone, à éprouver le besoin qu’on nous explique le mot. Nous pouvons l’assumer avec humilité, mais, paradoxalement, non sans motif de nous réjouir.
L’ironie des initiés brocardant ce « retard gaulois » obéit en effet à une opinion plus superficielle qu’il n’y paraît. Notre spécificité abrite, l’air de rien, quelque vertu. Les impératifs de santé publique se heurtent trop souvent à d’importants groupes commerciaux ou à des industriels pour qui l’intérêt général pèse de peu de poids face à leur intérêt particulier. Pour influencer les consommateurs, l’opinion publique et les décideurs politiques, ils n’hésitent pas à recourir aux services de cabinets de lobbying chevronnés. Qui sont-ils ? Quelles sont leurs méthodes ? De quelles armes disposent les citoyens et le législateur pour s’opposer à leurs opérations d’influence ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles ce livre, très documenté, s’efforce de répondre.
Sans remettre en cause le nécessaire travail d’information et de défense des positions des différents acteurs du monde de la santé, le propos du livre est de dénoncer les agissements qui vont à l’encontre de l’intérêt général et de la santé publique, en braquant les projecteurs sur les lobbies de l’alcool, du médicament, du tabac et de l’agroalimentaire. Il le fait bien, sans trop céder au sensationnalisme, et donc tout responsable hospitalier se devrait de le lire.
Roger Lenglet
novembre 2009 – 445 pages – 15 €
Collection Tapage
Editions Pascal – La Mutualité Française
www.editionspascal.com