Un humaniste en « guerre » : le combat d’une vie
Cette biographie scrupuleuse se lit comme un roman ; c’est une narration captivante accessible à tous les publics. Si la vie d’Ignace Semmelweis est une succession de hasards, l’aboutissement de son combat résulte d’un profond humanisme. Issu de la bourgeoisie hongroise, il a témoigné d’une indéfectible fidélité à sa patrie qui était sous la domination de l’empire autrichien.
Après une enfance heureuse et une scolarité ennuyeuse, il accède au désir de son père et entreprend des études de droit à Vienne. Étudiant assidu, cette discipline le rebute et pour le distraire son ami Markos l’emmène assister à une autopsie à l’Institut d’anatomie. C’est le déclic et le début d’une carrière exaltante et destructrice entre avancées des recherches, succès, rebuffades, mépris de ses confrères et humiliations.
Le 1er mai 1838, il s’inscrit en première année de médecine et côtoie les sommités médicales de Vienne. Il travaille sans relâche et attire l’attention bienveillante de ses maîtres. Dès son stage en chirurgie, il remarque et s’inquiète du fort pourcentage de décès consécutifs à des infections. Les salles d’hospitalisation sont insalubres et souvent mitoyennes aux salles d’autopsie. Le personnel ignorant méprise les règles élémentaires d’hygiène. Son questionnement, sa volonté de comprendre pour améliorer se heurte au mépris et à la suffisance des « mandarins ».
Nommé en maternité, sans relâche, avec opiniâtreté, convaincu par ses observations et conclusions relatives à la lutte contre la fièvre puerpérale qui décime les parturientes, il recommande et impose un protocole simple d’asepsie : lavage des mains et désinfection avec une solution de chlorure de chaux ainsi que de tous les instruments utilisés. Le taux de fièvre puerpérale chute voire disparaît du service dont il est responsable. Cette découverte majeure emporte l’adhésion de certains de ses confrères et déclenche l’hostilité virulente et tenace de patrons puissants. Il s’épuise dans cette lutte acharnée et inégale et sombre dans la dépression.
C’est alors qu’il puise dans ses ultimes forces et bien que peu enclin à l’écriture, il rédige un traité destiné à informer si ce n’est à convaincre ses détracteurs du bien fondé de sa théorie. « Je croirais commettre un crime en me taisant plus longtemps, et si je ne publiais pas les résultats de mon expérience… ».
Sa santé décline, ses proches les plus fidèles sont déconcertés par les modifications de son comportement. Le décès d’Ignace Semmelweis survient le 13 août 1865 après d’atroces souffrances dont la cause ne sera jamais véritablement élucidée. Le 30 septembre, le recteur de l’université lui rend un vibrant hommage. Le 12 août 1865, Lister, pour la première fois applique un pansement antiseptique sur une plaie souillée. Ignace Semmelweis dans son combat pour les femmes a édicté les règles qui prévalent encore aujourd’hui.
C’est un livre passionnant !
Robert Delavault
juin 2007 – 108 pages – 12,50 €
Collection Médecine à travers les siècles
Editions L’Harmattan
5-7 rue de l’Ecole Polytechnique
75007 Paris
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