J’en connais qui vont maugréer : « alors, lui aussi il finit sa course à droite ! »

C’est vrai qu’ayant toujours été à gauche, avant même la présidentielle de 1965, il serait banal que je suive la trajectoire ordinaire de nombre de gens de gauche ; et des gens plus connus, plus notables, plus considérables et plus jeunes que moi, qui viennent terminer leur évolution politique dans le bourbier de la droite quand ce n’est pas dans la bauge de l’extrême droite !

Je vous rassure dans l’instant : je n’ai voté Chirac qu’une seule fois, et en fermant les yeux et en m’en repentant parfois, en 2002, lorsqu’il s’est agi de faire barrage à l’immonde tortionnaire, au père de la mégère, à Le Pen, quoi ! Si je félicite Jacques Chirac presque bruyamment, en tout cas avec chaleur et sans réserve, c’est pour avoir dès son élection en 1995 comme Président de la République décidé de donner une plus grande place dans notre dispositif muséal national aux Arts premiers (on disait encore à l’époque les Arts primitifs).

Faute de trouver les espaces suffisants au Louvre, Chirac décida, dans la continuité des grands travaux de Mitterrand, de faire édifier un nouveau musée sur un emplacement libre du quai Branly. La réalisation en fut confiée à Jean Nouvel (l‘architecte de l’Institut du monde arabe et de la Philharmonie de Paris) et il fut inauguré en 2006.

Alors donc, chaque fois que je visite ce musée, je m’écrie « Bravo Jacques Chirac ! » et j’englobe dans ce compliment celles et ceux qui l’ont conçu, qui l’ont construit, qui l’ont agencé, qui organisent et disposent ses collections permanentes et temporaires.

Il faut, comme je le fais souvent, y emmener la jeunesse, qu’elle puisse s’émerveiller des arts et civilisations autres qu’occidentales et donc se convaincre que le monde doit effacer un jour, totalement, les frontières.

Utopie ? Oui, depuis Montaigne et Victor Hugo !

20 décembre 2024