J’avais au moins deux raisons impérieuses d’aller voir ce film :
- j’avais lu le roman de Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018 et l’avais trouvé passionnant
- l’intrigue se situe dans ma Lorraine natale, dans des lieux que j’ai connus et fréquentés, même si elle se déroule non à ma génération mais à la suivante en toute fin du XXe siècle.
Nous voici donc transportés dans une vallée industriellement sinistrée, économiquement moribonde et joyeusement agrémentée de hauts fourneaux éteints.
Dans ce cadre désespérant, un adolescent, Anthony Casati (Paul Kircher) épuise toutes les possibilités de l’ennui.
Un après-midi d’été orageux, au bord d’un lac, il rencontre Stéphanie Chaussoy (Angelina Woreth). Coup de foudre : le soir même, il « emprunte » la moto de son père pour se rendre à une boum où il espère la retrouver. Mais le lendemain matin, il s’aperçoit que la moto a disparu…
Les frères Ludovic et Zoran Boukherma ont réalisé là un film fidèle au roman, j’entends non seulement quant à l’intrigue, mais aussi au rythme et aux ambiances alternant moments de grâce et d’inaction calamiteuse, réalisme et lyrisme, amour torride et romance idyllique, délicatesse sentimentale et violence des bagarres, passage cruel à la vie adulte d’adolescents idéalistes.
Ils ont certes un peu estompé la dimension sociale et politique du roman, mais leur film reste admirable.
Les interprètes font un sans-faute de justesse et de densité (ainsi les parents d’Anthony : Ludivine Sagnier et Gilles Lellouche).
6 décembre 2024
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