Jacques Romand (Vincent Lindon) est un professeur pas encore près de la retraite mais plutôt désabusé, englué dans la routine scolaire, comme on en a tous connus, les pauvres !
Evènement hors du commun, il est témoin d’une tentative de vol dans son épicerie de quartier et il permet l’arrestation d’un des voleurs : Victor (Stefan Virgil Stoica) un ado rom de 14 ans, un « sauvageon » comme les nommait l’ineffable Chevènement, ce sympathique précurseur du vocabulaire de la droite extrême et de la droite morale.
Découvrant peu à peu la fatalité sociale qui force ce gamin déscolarisé à voler pour survivre, Jacques prend conscience de cette sorte de prédestination délinquante imparable.
Alors il va tenter de tout mettre en œuvre pour aider le jeune à revenir dans le « droit chemin » comme on dit, sans se douter que derrière il y a un brutal voyou qui l’exploite, sans se douter que de chaque côté de ce droit chemin il y a de profonds fossés qui rendent malaisé d’y revenir lorsqu’on s’en est écarté.
Dans cette quête obstinée, Jacques va changer de conceptions et de destin.
Nicolas Boukhrief sait nous montrer les engrenages de notre société humaniste, mais sans sociologiser lourdement.
Ce qu’apporte peu à peu Jacques à Victor nous est montré sans paternalisme caricatural.
Et surtout il a su choisir un talent extraordinaire : Vincent Lindon, sobre et puissant, qui me fait penser par le profil attachant qu’il se construit de film en film, à Yves Montant ou à Lino Ventura, ces monstres d’expressivité des années 80.
9 mars 2024