2023 12 30 : Le malade imaginaire – théâtre

Dans la superbe salle du Théâtre des Champs-Elysées nous allions voir une pièce de Molière interprétée par la troupe de la Comédie-Française.

Nous n’avions donc aucune crainte pour une soirée cumulant autant d’atouts.

 

 

Et nous ne fûmes pas déçus. D’abord de découvrir (je l’ignorais) que cette mise en scène de Claude Stratz remonte à 2001. Elle n’a pas pris une ride de désuétude ; bien au contraire, elle éclate de modernité esthétique (avec les superbes costumes d’Ezio Toffolutti). Minimaliste : au centre de la scène, le fauteuil d’Argan pour unique accessoire, et le choix éloquent de donner ce classique en trois actes et plus de deux heures sans entracte ; sa dimension philosophique et sa constante poésie sont subtilement servies par tous les acteurs.

Ensuite de savoir qu’il s’agissait de l’intégrale en version comédie-ballet du Malade imaginaire, donc avec les intermèdes chantés et dansés (Marc-Olivier Dupin et Sophie Mayer).

Les acteurs ? Ils faudrait tous les citer tant ils sont formidables : Alain Lenglet en Béralde, Coraly Zahonero en Béline, Denis Podalydès en Diafoirus, Guillaume Gallienne en Argan, Julie Sicard en Toinette, Christian Hecq en Purgon, Christophe Montenez en Cléante… entre autres.

Les musiciens aussi : Elodie Fonnard (soprano), Jérôme Billy (ténor), Jean-Jacques L’Anthoën (baryton-basse), Jorris Sauquet (clavecin), Marion Martineau (viole de gambe).

D’abord et avant tout, il faut souligner l’essentiel : Claude Stratz et Guillaume Gallienne ont magnifiquement installé au cœur de l’interprétation l’une des constantes du grand Molière : que le personnage principal, Arnolphe, Jourdain, Tartuffe, Don Juan, Alceste, Harpagon, ici Argan, n’est pas une caricature, tout noir ou tout blanc, ridicule ou odieux, dérisoire ou implacable, comique ou tragique, provocateur ou angoissé : c’est un être humain complexe et tourmenté.

Donc Argan, parfaitement bien portant mais hanté par la peur de la maladie et celle de la mort qui rôde, est ce que les psys nomment aujourd’hui un hypocondriaque. Mais il ne se résume pas à un profil pathologique : le texte de Molière, la mise en scène de Claude Stratz et le jeu de Galienne le montrent magnifiquement.

Faut-il rappeler l’intrigue ? Evidemment non.

30 décembre 2023