Spleen et idéal : IV – CORRESPONDANCES

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
— Et d’autres, corrompus [1], riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre [2], le musc [3], le benjoin [4] et l’encens [5],
Qui chantent les transports [6] de l’esprit et des sens.

Georges Chelon 1997

[1] Au sens d’altérés, en décomposition.
[2] Parfum préparé avec l’ambre gris.
[3] Liquide odorant sécrété par divers mammifères ; le musc du porte-musc est recherché en parfumerie.
[4] Baume d’odeur vanillée, fourni par un arbre du Sud-Est asiatique, le styrax.
[5] Résine extraite par incision de l’écorce de divers boswellias de l’Inde et d’Afrique. L’encens brûle en dégageant une odeur caractéristique. Il est employé dans des cérémonies religieuses.
[6] Ici au sens figuré : mouvements passionnés.