Bizarre déité [1], brune comme les nuits,
Au parfum mélangé de musc [2] et de havane [3],
Œuvre de quelque obi [4], le Faust [5] de la savane,
Sorcière au flanc d’ébène [6], enfant des noirs minuits [7],
Je préfère au constance [8], à l’opium, au nuits [9],
L’élixir [10] de ta bouche où l’amour se pavane [11] ;
Quand vers toi mes désirs partent en caravane [12],
Tes yeux sont la citerne où boivent mes ennuis.
Par ces deux grands yeux noirs, soupiraux [13] de ton âme,
Ô démon sans pitié ! verse-moi moins de flamme ;
Je ne suis pas le Styx [14] pour t’embrasser [15] neuf fois,
Hélas ! et je ne puis, Mégère [16] libertine [17],
Pour briser ton courage et te mettre aux abois [18],
Dans l’enfer de ton lit devenir Proserpine [19] !
Georges Chelon 1997
SED NON SATIATA Traduction : « mais insatisfaite », extrait d’un vers du poète latin Juvénal (55-140) faisant allusion aux débauches de Messaline, femme de l’empereur Claude et mère de Britannicus. Poème sans doute inspiré par Jeanne Duval.