2019 09 12 : Ich bin ein surhomme (verzeih mir : Übermensch !)

Je peux maintenant l’avouer, car il y a prescription : quand j’étais petit, j’étais affecté d’une légère détestation du genre allemand ; que voulez-vous en Lorraine c’était courant d’entretenir une prévention des têtes de Boches, des Chleuhs, des Vert-de-gris, des Doryphores, des Fridolins, j’en passe et j’en oublie des plus affectueux.

Et pourtant je vibrais à écouter Bach, Beethoven, Brahms ou Wagner ; je me transportais dans les vers de Heine, Brentano, Hölderlin ou Rilke ; j’étais fasciné par les philosophies oh combien ardues de Kant, Hegel, Schopenhauer ou Nietzsche ; et le grand Marx, ce cher Karl, encensé, déformé, falsifié… mais indépassé !

Rassurez-vous, germanophiles, germanocousins et germanopratins : 50 ans plus tard me voici totalement guéri de cette phobie juvénile. A preuve :

L’autre jour donc, je me trouvais dans la pénible quoique rarissime obligation de fixer un meuble pondéreux (griffé du sadique pervers IKEA pour ne rien vous cacher) dans un béton armé intraitable.

Or ma perceuse des années 80 et de marque française avait rendu l’âme à Leroy des bricoleurs ; je m’en remis donc à Merlin l’Enchanteur pour lui trouver une remplaçante.

Afin de procéder à un choix judicieux, solide, sérieux et surtout durable, qui survivrait à mes dernières années de bricoleur très intermittent et viendrait abonder l’actif de ma succession, je consacrai plus de 30 minutes à l’examen attentif du long, très long rayonnage de l’hyper-commerce susdit, où toute la gamme des perceuses-vibreuses-percuteuses-burineuses-visseuses-marteleuses était impudiquement exposée.

Sacrifier à cela une demi des heures du reste de ma vie qui me sont sans doute comptées : vous mesurez l’étendue de mon sacrifice et de ma dévotion !

In fine, avant que de tomber en malaise hypoglycémique antéprandial, je jetai l’éponge ou plutôt mon dévolu sur un modèle de la marque DeWALT. Allemande. Dans la belle lignée du Panzer PzKpfw VI B Königstiger.

Donc vous voyez combien mes préventions d’adolescence boutonneuse, revancharde et allergoteutonique étaient oubliées.

Maintenant, dix jours à peine après l’avoir branchée, ma petite DeWALT, il faut que je vous la décrive : j’en suis fou, j’en suis marteau, elle me fait vibrer, avec elle j’ai percuté !

D’abord elle est maniable et docile, légère comme une ballerine, d’ailleurs je l’ai pesée : 12 kilogrammes toute nue, à peine 16 % de ma pondérance.

Ensuite l’emballage dans lequel elle se dissimule chastement : sublime sa valise, avec des tas de loquets, de clapets, et même une valve à air étanche.

.

Quand je la fais vibrer, elle m’accorde toutes ses attentions : pour que moi je respire, elle, elle aspire, elle capte les poussières de plâtre ou de ciment pulvérisées par sa rotation étourdissante, au moyen d’un charmant tube flexible raccordable à mon aspirateur (de marque Sebo made in Germany bien sûr) :

Sa jolie panoplie d’accessoires est considérable, je vais mettre des années à les essayer tous et certains d’entre eux d’ailleurs vont m’obliger à me documenter car je n’ai pas immédiatement percuté à quelles fonctions ils répondent.

J’ai possédé, à quelques années de cela, une limousine Mercedes-Benz ; je suis l’heureux détenteur d’un lave-linge Bosch, d’un ampli Blaupunkt, d’un casque Sennheiser et d’un réfrigérateur Siemens.

Alors je suis définitivement sevré de mon obsédante rengaine chauvine Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine et même maintenant je clame : Deutsche Industriehersteller mit uns !

12 septembre 2019

.

.

.Ma DeWALT et moi : Post-scriptum probant

Quelques-uns, envieux, jaloux, ricaneurs, persifleurs, mettent déjà en doute ce que je viens d’exposer, m’accusant de monter un storytelling invraisemblable et matamore.

D’habitude, je laisse le wagon de la médisance glisser sur le rail de ma superbe indifférence. Mais là je ne résiste pas, car j’ai la preuve facile : en photos.

Où vous voyez la bête et son dompteur : ma petite DeWALT en jaune et moi, en bleu de travail bien sûr…