A priori, un scénario ayant un peu un air déjà vu : Audrey Estrougo nous propose une plongée dans l’univers carcéral français. Lequel ‑ on va finir par le savoir, à force que les plus hautes instances juridiques et humanitaires d’Europe nous le reprochent à voix de plus en plus indignée ‑ est l’un des plus infâmes.
Oui mais voilà, sur les affiches je vis qu’il y avait au générique Sophie Marceau que j’ai la faiblesse d’adorer et Anne Le Ny je l’aime tout autant. Alors, hop ! en salle.
C’est quoi donc, cette histoire déjà connue ? Mathilde Leroy (Sophie Marceau) est une intello : ça arrive. Eprise de son mec : ça peut se faire. Mais il est en prison : ça arrive aussi. Alors elle le fait évader : des fois ça marche. Et là ça marche, enfin pour lui ; pas pour elle : la voilà prise et condamnée à goûter de cette prison dont elle ne voulait pas pour lui. Drame un peu rocambolesque.
Dans son cachot Mathilde ne reçoit aucune nouvelle de son cher évadé. Drame au carré.
Heureusement elle reste soutenue par son fils Adrien (Benjamin Siksou).
Je crains que ce que je viens d’exposer vous fasse fuir (si vous pouvez vous échapper !). Mais non, restez. Car c’est là précisément que le film devient intéressant, qu’il nous montre ce qu’on appelle a minima la vie, la survie en prison, la laideur, la honte, la noirceur, les brutalités ordinaires, les violences impunies, bref l’enfer carcéral.
Je vous vois venir, avec vos sabots de cinéphile générico-sceptique : la délicieuse Sophie Marceau en souffrance dans un cul de basse fosse, est-ce crédible ? Eh bien oui. Si vous ne me croyez pas allez y voir par vos propres mirettes.
Et ses codétenues (Suzanne Clément, Anne Le Ny, Eye Haidara, Carole Franck…) sont tout aussi impressionnantes dans leurs rôles de composition.
Et puis ce film a un énorme mérite : contribuer à ce qu’un jour, enfin, la Représentation nationale, poussée par un mouvement d’opinion digne de nos Lumières, donne enfin à la détention, préventive ou répressive, sa seule punitivité constitutionnelle : une privation de liberté.
20 septembre 2016