La semaine dernière des amis s’accordaient devant moi sur un point : si l’on ne connaît pas de mémoire la liste des œuvres de chaque compositeur d’opéra italiens et leurs morceaux de bravoure, il est pratiquement impossible de les identifier à l’audition.
Pour moi, qui ne suis pourtant pas un amateur éclairé de ce genre de musique, il s’agit là d’une erreur qui ne résiste pas à une heure d’écoute comparative de Bellini, Donizetti, Puccini, Rossini et Verdi pour ne citer qu’eux.
D’abord, il y a les différences de dates et de générations, puisque l’opéra italien, au sens courant du terme, s’étend sur tout le XIXe siècle et donc trois, voire quatre générations.
La première génération : Rossini et Pacini créent à partir de 1810, Donizetti vers 1820 et Bellini vers 1825.
La seconde : Verdi commence à livrer des opéras en 1840.
La troisième, on devrait plutôt dire la quatrième, puisque Puccini ne devient productif que vers 1890.
Alors, serait-on tenté de dire que cela s’entend ? Pas si sûr, à moins bien sûr d’être musicologue.
Car l’autre soir, entendant Le Barbier de Séville de Rossini après plusieurs mois à n’avoir écouté que du Puccini, je fus frappé par la modernité de l’œuvre, celle-ci du premier m’apparaissant plus moderne que les grands opéras du second, pourtant plus « jeune » de 80 ans ! Et cela dès les premières mesures.
Jeunesse en âge de l’auteur, certes : Rossini a écrit son Barbiere di Siviglia à 24 ans, tandis que Puccini a entre 40 et 50 ans lorsqu’il livre La Bohème, Tosca et Madame Butterfly.
Bien sûr il y a aussi l’intrigue : celle de Beaumarchais qui avait déjà inspiré Mozart pour Les Noces de Figaro, Beaumarchais bien plus moderniste pour son époque que nombre de librettistes bien-pensants d’autres opéras italiens.
Mais au-delà de l’âge du compositeur et de l’impertinence du librettiste, il y a le style musical ! Dès le premier air du Barbier de Séville on sait violemment que cet opéra sera vif, spirituel et impertinent. A l’opposé presque du genre dramatique, pour ne pas dire mélodramatique, parfois ampoulé et déclamatoire, des opéras de Verdi.
Pour peu évidemment qu’on entende Le Barbier de Séville dans une belle version : là c’était en 2005 au Teatro Real de Madrid, avec entre autres María Bayo, Juan Diego Flórez, Pietro Spagnoli, Bruno Praticò et Ruggero Raimondi.
Rossini – El Barbero De Sevilla – Dúo del Conde y Fígaro
Rossini – El Barbero De Sevilla – Ecco, ridente in cielo
Rossini – El Barbero de Sevilla – Conde
Rossini – El Barbero De Sevilla – Dúo de Rosina y Fígaro
22 mars 2014