Incompréhensible !
Certes, les classements des cliniques, hôpitaux, maisons de retraite, depuis quelques années, font vendre du papier. On sait ce que nous pensons de la méthodologie de ces « palmarès », notamment ceux du Point dont l’hebdomadaire vient de donner encore récemment un triste exemple avec une « liste noire » des établissements en matière d’infections nosocomiales, qui est assez scandaleuse quant à la légèreté avec laquelle elle cloue au pilori des établissements réputés.
Mais on ne pensait pas que le Nouvel Observateur allait à son tour se précipiter dans ce travers.
Certes, le magazine n’est pas l’auteur direct du pensum, ne faisant que publier en avant-première les « bonnes feuilles » d’un ouvrage à paraître aux Guides du Carquois ; mais il lui assure un retentissement important et le présente sans réserve et de manière flatteuse.
Certes l’introduction est intéressante, donnant largement la parole à des personnalités de qualité comme Catherine Vautrin, David Causse, Pascal Champvert, Luc Broussy.
Mais le classement publié (par extraits : 300 établissements sur les 1 000 annoncés dans le guide) est incompréhensible. D’abord à cause de tous les établissements qui n’y sont pas alors que les uns et les autres nous connaissons leur valeur, leur compétence et leur accueil.
C’est paraît-il un « comité scientifique » composé d’un gérontologue, d’une aide-soignante, d’une infirmière et d’une patient qui a préparé ce classement ! Le mystère est total, donc le soupçon d’arbitraire ou de légèreté nous assaille.
Mais ce n’est plus un soupçon lorsqu’on examine les « commentaires » accompagnant les établissements cités, considérés donc comme les meilleurs. « Bâtiment sans caractère » ce qui est véniel, mais « Personnel peu attentif » ce qui devrait d’emblée faire radier de la liste des « meilleurs » !
Et un exemple, un seul, vaut pour nous disqualification de cet ouvrage : commentant la Maison de retraite Kersaudy à Saint-Pol-de-Léon, certes classée en n°9 de l’Ouest, on lui reproche néanmoins un « Manque de chaleur et de convivialité » alors que c’est exactement la conviction inverse qui s’empare de toutes celles et ceux qui connaissent cette maison, et le travail qui s’y fait et la relation qui s’y noue avec les résidents (cf. notre reportage dans DH hors série mars 2005).
Le Nouvel Observateur
n° 2110 14 avril 2005 – 3 €