2021 01 06 : Je rends grâce à César Franck

Dans la période où je m’éveillais à la musique « classique » comme à tant d’autres choses merveilleuses, je ne connus César Franck qu’après cinq ou six années d’initiation à de plus grands maîtres encore, ou à des compositeurs captivant davantage l’oreille d’un jeune profane.

César Franck, donc, il m’échut d’aller vers lui quelques mois après la tempête de Mai-68, durant laquelle notre musique fut sinon guerrière en tout cas militante. Et César Franck, je dois le reconnaître penaudement, je me résolus à l’aborder et le connaître pour des aspirations à une toute autre harmonie que musicale.

C’était un temps printanier où j’entretins avec grand bonheur et léger tourment l’une de mes premières relations amoureuses ; la jeune fille objet ou victime de mon inclination habitait dans un quartier fort peu contestataire de Paris : la rue César-Franck à proximité immédiate de la place de Breteuil et du métro Ségur. Lorsque je montais rejoindre ma belle (car elle logeait bien sûr au tout dernier étage, dans une minuscule chambre de bonne) je lui assurais qu’un soir, un soir, nous irions écouter un concert de ce César Franck à nos oreilles inconnu.

Mais cela ne se fit pas, dans la concomitance de notre relation en tout cas. Etant d’un caractère persévérant sinon cohérent, je parvins cependant quelques temps plus tard à m’intéresser à l’œuvre franckienne d’un point de vue passionnellement désintéressé.

Malgré ma motivation initiale futilement pseudo-romantique, j’eus plaisir puis intérêt à l’entendre, ce Franck. Pas intégralement certes, car les audiothèques numériques n’existaient alors pas et les vinyles puis CD étaient chers. Mais suffisamment en tout cas pour une approche convenable du compositeur, que je pus approfondir dans les quelques 50 années qui s’ensuivirent… D’autant que j’eus la chance d’entendre nombre de ses œuvres en concert ; j’ai le souvenir inoubliable par exemple d’avoir assisté à plusieurs interprétations au piano de Catherine Collard, si tôt disparue.

Rétrospectivement, je bénis le hasard (mais est-il vraiment un hasard dans une vie ?) qui me fit rencontrer cette jeune fille et qui la fit loger rue César-Franck ; car c’aurait pu être moins bien, voire pire : cette belle amie aurait pu résider place Paul-Claudel ou avenue du maréchal Bugeaud… J’aurais alors peut-être éprouvé l’envie furieuse de connaître leurs basses œuvres. Las que fussè-je devenu ? Ecclésiastique ou reître de carrière ? J’en frémis encore.

César Franck – Panis angelicus
Beniamino Gigli – 1936

César Franck – Quintette piano et cordes fa mineur II Lento con molto sentimento
Catherine Collard & quatuor Orlando – 1990

César Franck – sonate violon-piano la majeur 1 Allegretto ben moderato
Catherine Collard & Régis Pasquier – 1990

César Franck – sonate violon-piano la majeur 2 Allegro
Catherine Collard & Régis Pasquier – 1990

César Franck – sonate violon-piano la majeur 3 Recitativo-Fantasia (ben moderato)
Catherine Collard & Régis Pasquier – 1990

César Franck – sonate violon-piano la majeur 4 Allegretto poco mosso
Catherine Collard & Régis Pasquier – 1990

César Franck – symphonie ré mineur
Zomer (soprano) Genz (bariton) Collegium Vocale Gent O Champs Elysées Herreweghe – 2001

César Franck – Prélude, choral et fugue piano
Grigory Sokolov – 2001

6 janvier 2021