Ce documentaire de François-Xavier Drouet m’a replongé dans une période lointaine totalement méconnue aujourd’hui par les générations suivant la mienne, croyantes ou non : durant les années 60 et surtout 70, s’était développé en Amérique latine un courant dans l’Eglise catholique que Gustavo Gutierrez appela théologie de la libération.
Sous l’influence peut-être de la Révolution cubaine et des espoirs qu’elle suscita, des hommes et femmes d’Eglise et de nombreux fidèles, persuadés que la lutte pour l’avènement de sociétés plus démocratiques et justes n’était pas l’apanage des partis communistes, s’engagèrent avec conviction dans une démarche révolutionnaire.
Mais à l’époque beaucoup de régimes étaient autoritaires ou des dictatures militaires. Au Salvador, au Brésil, au Nicaragua, au Mexique, l’Eglise se libéra d’une neutralité hypocrite et factice, en réalité auxiliaire docile du pouvoir.
Mais cela ne se déroula pas paisiblement : répression, emprisonnements, disparitions, assassinats de milliers de laïcs et de religieux, furent très souvent la réponse apportée à ces chrétiens, alors que le concile Vatican II (convoqué par Jean XXXIII en 1962-1965) avait semblé être favorable à cet engagement social et que les papes suivants, Paul VI, Jean-Paul II et même Benoît XVI furent favorables à cette théologie, non sans réserves.
Les archevêques Hélder Câmara de Recife au Brésil (accusé de communisme par les USA), Oscar Romero de San Salvador (assassiné en pleine messe par les militaires) et le cardinal Paulo Evaristo Arns de Sao Paulo en furent les représentants les plus élevés dans la hiérarchie ecclésiastique.
Ce documentaire nous livre les témoignages passionnants d’acteurs de l’époque encore en vie.
6 septembre 2025

