Vu mes antécédents lourdement chargés, pouvais-je manquer ce film ? Evidemment pas. Surtout qu’il s’agit non pas d’une romance sirupeuse à la Soubiran, Slaughter ou plus récemment Kerangal, mais d’un documentaire.
Et ce documentaire d’Antoine Page a le parfum de l’authenticité et la force de la vérité.
Après le bac Angel, 18 ans, décide de faire médecine ; et malgré le numerus clausus, le couperet hyper-sélectif à la fin de la PACES (première année commune aux études de santé) il y réussit.
Banal, direz-vous, ils et elles sont quand même environ 10 000 à y parvenir chaque année.
Ce qui est moins banal c’est qu’Angel a un frère, Antoine, qui décide de retracer son parcours en temps réel ; et donc la réalisation de ce documentaire durera douze ans. Donc un documentaire d’une autre dimension que ceux réalisés en quelques semaines ou mois et alors contraints de suivre, pour illustrer les différentes étapes de la formation, des carabins distincts.
Nous voici donc témoins à travers le même Angel du stress des partiels, des toutes premières consultations hésitantes et anxieuses, du surmenage et de l’épuisement des stages en hôpitaux, de la solitude professionnelle du médecin de campagne débutant. Ou encore des interrogations angoissées lors de la pandémie Covid-19.
Suivant l’évolution intellectuelle d’Angel, on ne sera pas surpris de son engagement en faveur de la médecine sociale. Contrairement à l’imagerie périmée des docteurs et professeurs notables et conservateurs, elles et ils sont de plus en plus nombreux à choisir cette voie. Mais comment donc font les autres pour ne pas s’y engager hyppocratiquement ?
Ce documentaire évite avec pudeur les clichés, les sanctifications, les émotions, bref les conventions usuelles sur la noble profession médicale. Il n’en est que plus authentiquement édifiant. Courrez donc le voir : ainsi comme moi vous mettrez à jour vos idées reçues et datées sur la médecine dans la France actuelle.
3 septembre 2024